Le Nom du Vent , premier volet de la Chronique du tueur de roi :
J'ai libéré des princesses. J'ai incendié la ville de Trebon. J'ai suivi des pistes au clair de lune que personne n'ose évoquer durant le jour. J'ai conversé avec des dieux, aimé des femmes, et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels.
J'ai été exclu de l'Université à un âge où on est encore trop jeune pour y entrer. J'y étais allé pour apprendre la magie, celle dont on parle dans les histoires. Je voulais apprendre le nom du vent.
Mon nom est Kvothe.
Vous avez dû entendre parler de moi.
Un homme prêt à mourir raconte sa propre vie, celle du plus grand magicien de tous les temps. Son enfance dans une troupe de comédiens ambulants, ses années de misère dans une ville rongée par le crime, avant son entrée, à force de courage et d'audace, dans une prestigieuse école de magie où l'attendent de terribles dangers et de fabuleux secrets...
Un grand magicien, sur le point d'affronter sa mort, se voit extorquer le récit de sa vie par un Chroniqueur de passage, petit malin devant l'éternel. On navigue entre le Kvothe adulte qui mène son récit, et le jeune Kvothe, qui est raconté. Tout le charme du récit réside dans la tension entre ce Kvothe adulte qui attend on ne sait pas exactement quoi, et le jeune Kvothe qui va vers on ne sait pas exactement quoi non plus... mais on suppose qu'il s'agit de la même chose. Rothfuss se débrouille à merveille pour instiller ce sentiment : l'attente.
Le Nom du Vent, c'est surtout Kvothe, malgré un bon nombre de très bons personnages secondaires (Bast, notamment), mais quel Kvothe ! La chair et le sang dissimulés au coeur d'une légende habilement tissée. J'ai déjà lu plusieurs romans bâtis sur ce schéma, mais de tous ceux que j'ai lus, celui-ci est, et de très loin, le meilleur.
Kvothe est une autre créature pathétique supplémentaire vouée à réaliser des exploits remarquables, mais il est surtout délicieusement prétentieux et très conscient de l'être, et c'est cette conscience profonde de ses insuffisances couplée à un ego démesuré et une imagination infernale qui en fait un bon personnage.
Rothfuss est un maître des retournements de situations façon montagnes russes, ce talent de balader le lecteur comme un fétu de paille n'est pas assez répandu pour ne pas être remarqué ; et il peut en supplément se flatter d'une assez bonne connaissance de la psychologie humaine.
Le deuxième tome sortira normalement en français dans le courant de l'année.
Dernière modification par Galatheia (Le 09-03-2012 à 21h54)